Extrait de Lucile :
Nous voyons à travers notre mémoire. Celle-ci partage les mêmes circuits que notre imaginaire. Alors, ne nous privons pas pour donner vie à nos rêves.
Prologue
L’aventure que voici se déroule à une époque très ancienne, au temps où les poules n’avaient pas encore de dents, mais déjà des plumes. Sur les tablettes des marchands, on ne trouvait ni chewing-gum ni poupées Barbie. Les frontières des pays n’étaient pas aussi bien définies qu’aujourd’hui. Le sport préféré était « d’envahir », donnant prétexte à zigouiller tout ce qui bougeait et chaparder tout ce qui traînait avant de brûler les maisons. Jamais de vainqueurs ou de vaincus, rien que des morts. Les seigneurs grands protecteurs prospéraient sur le dos des plus démunis, les serfs.
Il est vrai que depuis rien n’a changé : les pauvres et les riches sont continuellement en place, les poules n’ont toujours pas de dents et presque toujours des plumes.
— Lucile, comment sais-tu que la terre est ronde ?
Une religieuse questionnait une petite fille de six ans, blonde aux cheveux bouclés, qui se tenait droite dans ses sabots devant la classe.
— C’est simple Sœur Angèle, la lune est ronde, le soleil aussi ; notre planète ne peut être qu’ainsi !
— Tu as gagné un bon point pour ta réponse pleine de bon sens.
(Les aquarelles et les dessins sont de Martine Pomel)